sous le titre de Systema causarum efficientium achevait de déterminer une notion de la causalité qui rapprochait les conceptions de Lcibnitz de celles de Newton. Pour ce qui était des questions religieuses, il les traitait en se servant de Wolff à la façon de Schultz. Sa Démonstration philosophique de la vérité de la religion chrétienne (1740) qui vise particulièrement les déistes anglais, Toland, Tindal, est conduite selon la méthode géométrique; elle se développe par définitions, théorèmes et corollaires. Mais le contenu révèle encore plus que la forme le rôle important attribué à la raison. C’est en effet la raison qui est chargée d’établir la nécessité d’une révélation divine, et qui l’établit par la reconnaissance des caractères que doit présenter pour nous délivrer du péché une expiation salutaire; les moyens purement humains, repentir, amélioration de la conduite, pratiques rituelles, sont insuffisants. Ce qu’il faut, c’est un acte expiatoire qui soit adéquat à l’infini de la faute, qui relève par là la créature déchue, et dont la pensée, constamment renouvelée en l’homme, soit efficace pour le détourner du mal. La révélation enseigne, avec le mystère de la rédemption, ce cpie la raison réclame tout en étant impuissante à le concevoir. Ce n’est pas là seulement le fonds dogmatique du christianisme que Knutzen tente ainsi de justifier, c’en est aussi la signification morale, sous la forme spéciale dont le piétisme l’affectait. La réalité du péché, la nécessité d’une régénération sont deux affirmations essentielles à l’intelligence et à la direction de la vie. Mais, comme Schultz, Knutzen réprouve ces élans aveugles d’imagination et ces raffinements maladifs de conscience auxquels trop souvent le piétisme se livrait: il condamne aussi énergiquement ces pratiques de mortification qui empêchent l’homme de servir Dieu et ses semblables; il ne veut pas de contemplation quiétiste qui détourne d’agir.
Schultz et Knutzen témoignaient donc de la possibilité d’unir les deux grandes dispositions entre lesquelles s étaient ailleurs de plus en plus partagés les esprits: d’un