Page:Delboulle - Anacréon et les Poèmes anacréontiques, 1891.djvu/148

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C’est luy qui de façon ressemble
A l’Amour, l’amoureux ensemble,
Le mignon et le favorit
De Venus qui tousjours luy rit.
Par luy nous vint la cognoissance
De boire, & par luy prit naissance
La grâce, et par luy les douleurs,
Et par luy s’estanchent les pleurs :
Car si tost qu’une jeune troupe,
Disposte, nous donne une coupe,
Nos maux, nos ennuis & tourmens.
S’envolent compagnons des vents.
Ça donc ce verre, & que je noyé
Le soing qui de nous fait sa proye.
Dieux, que nous sert de lamenter,
Puis que la vie est incertaine,
Aux vivans et chose trop vaine
De se promettre le futur ?
De boire et danser c’est mon heur,
Et dans le giron de ma dame
Appaiser l’ardeur de ma flame.
Que les hommes s’attristent tous
Tant qu’ils voudront, quant est de nous,
Beuvons gaillards de ce bon vin,
Et chantons un hymne divin
A ce bon Père porte-lance,
A ce bon Bacchus trouve-dance.
(Rémi Belleau.)