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DE LA FONTAINE

car il lova les deux pieds de derrière, et donna si grant coup de ses pieds contre le front du loup, qu’il luy froissa le nais et les dents. Et, ce faict, s’enfouit legierement et le cyrurgien qui des ouayes ferrer se vouloit entremettre et devenir hermite sans dévotion, se accusoit très piteusement, en disant que a bonne et juste cause ainsi lui estoit prins, attendu qu’il proclamoit et faisoit assavoir a tout le monde, ouparavant de la dicte adventure et mauvaise fortune ainsi a luy advenue, qu’il estoit escorcheur, bourreau et meurtrier de jumens et austres bestes, et que si, à coup, sans avoir advis ne considération de l’oftice dessus dict, lequel il avoit ja fait assavoir a tous, il se vouloit mesler de cyrurgie, en laquelle il ne entendoit aucune chose, ains estoit la science contraire a sa nature ».

(Guill. Tardif, Apol. de Laurent Valla, 171, Marchessou.)


Cette fable est si mal conçue que contre l’intention de l’auteur, elle nous fait prendre en pitié le loup dont la seule faute est d’avoir voulu rendre service une fois en sa vie.

V. 8 — Bonne chasse, dit-il, qui l’auroit a son croc.

Les éditeurs disent en note : « Encore une de ces ellipses si familières à notre poète : bonne chasse pour qui l’aurait ». Il n’y a point là d’el-