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LES FABLES
LA GOUTTE ET L’ARAIGNÉE (III,8).


Vous savez, dit Polygame, l’echange que Jupiter fit des domiciles et habitations entre mes demoiselles l’Hyraigne et la Goutte. A l’Hyraigne, a qui aux maisons des grands et riches on faisoit mille maux, en abattant, balayant et rompant ses toiles et filets, fut assignée la maison du laboureur. Et a la Goutte, qui n'avait que mal et tourment aux champs, les palais et maisons des villes ; ou, depuis, bien traitée, chauffée et nourrie, elle est demeurée, ne craignant ou redoutant aucun, fors son ennemi conjuré et mortel, appelé Exercice : car l’eau, qu’on pense lui estre contraire, est sa vraie nourriture, au jugement même de Galen, parlant des maladies aquatiques.

(Noël du Fail, Contes d'Eutrapel, 170, Guichard.)


Dans ses Baliverneries (p. 120), du Fail revient sur le même sujet. La goutte et l’araignée présentent leurs requêtes à Jupiter qui « après avoir tonné, rouillé les yeux, grondé trois fois », rendit cet arrêt : « Le tout vu au net, fut dit et appointé que l’Hyraigne, changeant de maison, demeurerait paisiblement, sans lui faire tort ne violence, aux maisons du pauvre populaire. Sur quoi elle voulut contester je ne sais quoi, et qu’elle ne demandoit que paix ; mais on lui fit signe qu’on l’envoyroit là