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DE LA FONTAINE
L’ANE ET LE PETIT CHIEN (IV,5).


Le sujet est gentiment traité en prose dans le Violier des histoires romaines, p. 191, bibl. elz. :

Un roy estoit qui tant aymoit les chiens que c’estoit chose merveilleuse. Les chiens luy sailloient au col, le baisoient et dormoient en son sein souvent. Il y avoit céans un asne qui avoit despit de cecy et pensoit en soy : « Si je chantois, saultoys et mettois les deux piedz sur le col de mon maistre, certes, je mangeroy plus frians morceaulx que je ne fais, et dormiroys au giron de mon maistre. » L’asne fait ce qu’il avait pensé, saillit de l’estable, courut en la salle saillant et chantant, et enfin vint mettre les deux piedz sur les espaulles du roy. Ce voyant, les serviteurs estimèrent qu’il fust enragé : parquoy ilz le battirent noblement et le ramenerent en l’estable.

 
V 16. — Oh ! oh ! quelle caresse ! et quelle mélodie !

Dit le maître aussitot. Holà, martin-bâton !
Martin-bâton accourt : l’âne change de ton .


Cette expression, disent en note les éditeurs, est empruntée à Rabelais. Elle est beaucoup plus ancienne, et a une origine curieuse.

« Par mon martin, disait Jeanne d’Arc des bourgeois d’Orléans, je leur ferai mener des vivres ». Ce martin qui revient sans cesse dans sa bouche, dit Sainte-Beuve, c’était son martin-bâton.