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Page:Delboulle - Les Fables de La Fontaine, 1891.djvu/80

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LES FABLES
LE VIEILLARD ET SES ENFANTS(IV, 18).


Guillaume Tardif, traducteur des apologues de Laurent Valla, intitule ainsi cette fable :

D'UNG LABOUREUR ET DE SES ENFANTS

« Ung laboureur avoit plusieurs enfans, lesquelz avoient continuellement guerre entre eulx, et ne les povoit le dict pere apointer ne acorder ensemble. Pour laquelle chose faire il commanda que on lui apportast une grande quantité de boys, ouquel eust plusieurs verges et basions, ce qui luy fut aporté en la présence de ses dis enfans. Et tantost le dict pere mist tout le bois en ung faisseau et commanda a chascun de ses dis enfans qu’ilz levassent et ostassent, chascun a part soy, ledit faisseau du lieu ouquel il estoit, ce qu’ilz ne peurent faire pour la pesanteur de celuy. Et pourtant le laboureur dessus dict deslya le dict fardeau et en bailla une verge à chascun de ses dis enfans, en leur recommandant qu’ilz rompissent les dites verges, et que finablement ils dissolussent et estassent le dict faisseau par parties, ce qu’ilz tirent legierement. A ceste cause le dessus dict pere dist a ses dis enfans : « Mes fils, tant comme vous vivres ensemble en paix, et que serés d’une niesme voulenté, nul ne vous pourra nuyre ne grever, ains serés invincibles et ne vous pourront vos ennemis esbranler ne mouvoir de vostre estat, nen plus que vous n’avés peu, chascun pour soy, lever le fardeau, lequel avés facilement defaict par parties. Et au contraire, se vous vivez en hayne, sedi-