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LES FABLES


chault et le froid ! Va, et saches que ma deliberation ne fut oncques de hanter telle manière de gens qui ont maintenant l’un en la bouche et maintenant l’autre, et en ceste manière il prend congé de son hoste, n’approuvant point ceux qui ont double langue, qui maintenant louent une chose, maintenant la blasment.

(Marcouville, De la bonne et mauvaise langue, 17ro, édit. 1573.)


Le satyre une fois et l’homme
Furent amis. Luy voyant comme
L’homme souffloit dedans ses doigts,
Luy demanda qu’il vouloit faire.
Eschaufer mes doigts. Au contraire
Sa soupe il souffle une autre fois.
Encore s’esmoya le satyre
Pourquoy c’estoit. L’homme va dire :
C’est pour ma soupe refroidir.
O faux homme qui d’un trou mesme
Souffles chaud et froid, je ne t’aime.
Onques puis ne vit le satyr.

(Baïf, Mimes, II, 216, édit. Blanchemain.)


Par allusion à cette fable Charron (de la Sagesse,1, 5) a dit : « L’homme est l’animal de tous le plus difficile a sonder et connoistre : car c’est le plus double et contrefait, le plus couvert et ar-