Le premier jour où Pietro fut admis à faire sa cour, il y eut une petite réception. Pour cette solennité, Anna prit et adopta définitivement la robe longue.
Elle commença alors à recevoir quelques compliments. Elle souriait et rougissait, parce que ses pieds s’embarrassaient dans le volant de sa jupe ; elle s’inclinait tout-à-coup comme pour les chercher et restait interdite.
— Allons, lui dit une fois Sabastiano en passant près d’elle, il paraît que tu es montée en grade… Nous le savons très-bien que tu es en âge de te marier, maintenant…
— Tu es fâchée d’avoir les robes longues ? lui demanda alors Lucia. À ton âge, Angela et moi, nous avions oublié le jour de notre entrée dans le monde des demoiselles… Veux-tu donc toujours rester une bambine ?
— Comment ! C’est de plaisir qu’elle est émue, tu ne le vois pas ? répliqua Sebastiano en riant.
Anna le regarda d’un air boudeur et s’en alla, les yeux pleins de larmes. Ah ! c’était certain, Sebastiano la détestait et la poursuivait de ses railleries, quand il ne lui témoignait pas une horrible indifférence. Elle se