Page:Deledda - Ames honnetes.pdf/104

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— Mais, est-ce ta cousine ? demanda-t-il à Cesario.

— Oui ; moi aussi j’ai eu peine à la reconnaître. Elle est devenue jolie, n’est-ce pas ?

— Quel âge a-t-elle ?

— Je ne sais pas, dit Cesario, et il changea de conversation. Pourtant Gonario insista.

— On m’a dit qu’elle est fiancée.

— Eh ! oui. Il ne lui manque qu’un mari. C’est Angela qui est fiancée à Demeda.

— Ah c’est Angela ! Cela me fait grand plaisir…

Gonario, trois ans auparavant, avait été amoureux d’Angela et de Lucia,. mais il ne s’en souvenait pas plus à l’heure présente que Cesario ne se rappelait la demoiselle noble qui lui écrivait sur du papier, à fleurs, ou celle qui avait brisé sa carrière militaire.

— Si tu voyais, à Rome !… Pendant toute la soirée, Cesario parla des monuments de cette ville et de la surprenante beauté de ses habitantes. Il s’exprimait avec un enthousiasme mêlé de scepticisme et prenait des airs blasés, mais il voulait donner à entendre qu’une villa romaine valait la Sardaigne entière, et une femme de Rome, toutes les Sardes. Gonario se laissa d’abord éblouir ; il prit