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— Eh bien voilà notre petite donna Anna, dit Paolo s’adressant à ses filles et à sa femme.

Toutes s’empressaient autour de la nouvelle venue, pour l’embrasser et lui montrer qu’elles l’accueillaient vraiment avec plaisir ; elle les regardait d’un air presque effarouché.

Réellement il y avait trop de monde ; non seulement Maria Fara, la femme de Paolo, et ses sept enfants, mais encore deux servantes et une voisine, plus un gros chien et, installés sur la table, deux chats dont les yeux restaient fixés sur Annicca.

Nennele, le plus jeune des garçons, poussait des cris perçants dans son berceau, ses petites jambes en l’air, et Antonino, l’avant-dernier, grimpait derrière la chaise de son papa en criant :

— Que m’as-tu apporté ? Que m’as-tu apporté ?

— Je t’ai apporté cette nouvelle petite sœur. Va l’embrasser.

Au milieu de tant de bruit, Annicca, encore étourdie du mouvement de la voiture, demeurait interdite et sans parole.

Maria la jugea immédiatement laide et niaise. Elle paraissait, en effet, bien malingre et peu séduisante, dans sa robe d’indienne