Page:Deledda - Ames honnetes.pdf/64

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peux te le figurer. Si je l’avais je coloniserais la Sardaigne.

— Qu’est-ce que cela veut dire ?

— Eh ! tu ne comprendrais pas. Fais-moi le plaisir de me laisser écrire cette lettre.

Il lui disait cela si gracieusement qu’elle s’en allait faire danser Nennele, en répétant une chansonnette en dialecte.

À propos de Nennele, Anna fut si contente le jour où elle endossa son costume neuf, qu’elle voulut témoigner sa reconnaissance.

— Pourquoi ne renvoyez-vous pas Elena ? demanda-t-elle à sa tante.

— Quelle idée ! Elle t’a peut-être offensée ?

— Non, mais puisque je suis là pour soigner le petit, qu’y a-t-il besoin d’elle ?

— Cela ne t’ennuiera pas ?

— Par exemple ! Renvoyez-la, tante…

Elle éprouvait le besoin de se rendre utile, dans cette maison qu’elle commençait à considérer comme sienne.

— Nous verrons, répondit Maria Fara.

À mesure que les jours passaient, Annicca oubliait les impressions de son enfance. Donna Anna, la vieille maison jaune, le village, le son des cloches, les antiques visions, tout s’éloignait peu à peu et disparaissait. Chaque