Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/31

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de Voltaire et du grand Fréderic. Les réputations inférieures, quand on les attaque, ont sans doute le droit de se mettre à l’abri des grandes renommées qui veulent bien les protéger. Fréderic, qui avoit trop de goût pour ne pas sentir qu’il n’existoit alors dans notre langue aucun modèle de ce genre d’ouvrage, dit, après l’avoir lu, ce mot charmant : « Cette traduction est l’ouvrage le plus original qui ait paru en France depuis long-temps. »

Quant à Voltaire, tout le monde a lu, dans son discours de réception à l’Académie françoise, ces mots remarquables : « Qui oseroit parmi nous entreprendre une traduction des Géorgiques de Virgile ? » Je passe sous silence les passages de ses lettres où l’éloge souvent répété de cette traduction me paroît à moi-même trop au-dessus de l’ouvrage, et n’a pas un rapport immédiat avec la difficulté de traduire en vers un ouvrage aussi étranger à notre langue que les Géorgiques. On verra combien il étoit frappé de cette difficulté, dans les phrases suivantes : « Je regarde la traduction des Géorgiques de Virgile, par M. l’abbé Delille, comme un