Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/50

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Tire un traître papier ; il lit, l’ennui circule.
L’un admire en bâillant l’assommant opuscule,
Et d’un sommeil bien franc l’autre dormant tout haut
Aux battemens de mains se réveille en sursaut.
On rit ; on se remet de la triste lecture ;
On tourne un madrigal, on conte une aventure.
Le lendemain promet des plaisirs non moins doux,
Et la gaîté revient, exacte au rendez-vous.
Ainsi dans l’hiver même on connoît l’allégresse.
Ce n’est plus ce dieu sombre, amant de la tristesse ;
C’est un riant vieillard, qui sous le faix des ans
Connoît encor la joie, et plaît en cheveux blancs.
En tableaux variés les beaux jours plus fertiles
Ont des plaisirs plus vifs, des scènes moins tranquilles.
Eh ! Qui de ses loisirs peut mettre alors l’espoir
Dans ces tristes cartons peints de rouge et de noir ?
L’homme veut des plaisirs ; mais leurs pures délices
Ont besoin de santé, la santé d’exercices.
Laissez donc à l’hiver, laissez à la cité,
Tous ces jeux où la sombre et morne oisiveté,
Pour assoupir l’ennui réveillant l’avarice,
Se plaît dans un tourment et s’amuse d’un vice.
Loin ces tristes tapis ! L’air, l’onde et les forêts
De leurs jeux innocens vous offrent les attraits,
Et la guerre des bois, et les piéges des ondes.
Compagne des Silvains, des nymphes vagabondes,