Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/69

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Le bon fils, le bon père, et l’invisible main
Qui punit l’homicide et nourrit l’orphelin.
Ainsi vous assurez, bienfaiteur du village,
Des secours au vieillard, des leçons au jeune âge.
Ce n’est pas tout encor ; que d’heureux passe-temps
De leurs jours désœuvrés amusent les instans !
Hélas qui l’eût pu croire ? Une bonté barbare
De ces jours consolans est devenue avare.
Ces jours, leur dites-vous, de stériles loisirs,
Ces jours sont au travail volés par les plaisirs.
Ainsi votre bonté du repos les dispense,
Et l’excès du travail en est la récompense !
Hélas ! Au laboureur, à l’utile ouvrier,
Dans les jours solennels pouvons-nous envier
Le vin et les chansons, le fifre et la musette ;
A leur fille l’honneur de sa simple toilette ?
Non, laissons-leur du moins, pour prix de leur labeur,
Une part à la vie, une part au bonheur.
Vous-même secondez leur naïve allégresse.
Déjà je crois en voir la scène enchanteresse.
Pour peindre leurs plaisirs et leurs groupes divers,
Donnez, ah ! Donnez-moi le pinceau de Teniers.
Là des vieillards buvant content avec délices,
L’un ses jeunes amours, l’autre ses vieux services,
Et son grade à la guerre, et dans quel grand combat
Lui seul avec De Saxe il a sauvé l’état.