Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/80

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Par elles votre esprit parcourt tous les climats :
Ces pins aux verts rameaux, amoureux des frimas,
Nourrissons de l’écosse ou de la Virginie,
Et des deux continens heureuse colonie,
En vous offrant les plants de deux mondes divers,
Vous portent aux deux bouts de l’immense univers.
Le thuya vous ramène aux plaines de la Chine.
L’arbre heureux de Judée, à la fleur purpurine,
Se montre-t-il à vous ? Vous vous peignez soudain
Les bords religieux qu’arrose le Jourdain.
Vous parcourez des bords policés ou sauvages ;
Vos plants sont des pays, vos pensers des voyages,
Et vous changez cent fois de climats et de lieux.
Soit donc que par les soins d’un art industrieux
Il donne à son pays des familles nouvelles,
Soit que par ses secours nos races soient plus belles,
Heureux l’homme entouré de ses nombreux sujets !
Le vulgaire n’y voit que des arbres muets ;
Vous, ce sont vos enfans : vous aidez leur foiblesse,
Vous formez leurs beaux ans, vous soignez leur vieillesse ;
Vous en étudiez les diverses humeurs,
Vous leur donnez des lois, vous leur donnez des mœurs,
Et corrigeant leurs fruits, leurs fleurs et leur feuillage,
De la création vous achevez l’ouvrage.
Donnez les mêmes soins aux divers animaux :
Qu’ils soient par vous plus forts, mieux vêtus et plus beaux !