Page:Delille - Les Jardins, 1782.djvu/102

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Pourroient à nos dépens égayer ton pinceau.
Là, de tes deux pigeons tu verrois le tableau,
Et deux coqs amoureux à la discorde en proie,
Te feroient dire encore : « Amour, tu perdis Troie » !
Ainsi nous plaît la ferme et son air animé.

Mais dans cet autre lieu, quel peuple renfermé
De ses cris inconnus a frappé mes oreilles ?
Là, sont des animaux, étrangères merveilles.
Là, dans un doux exil vivent emprisonnés
Quadrupèdes, oiseaux, l’un de l’autre étonnés.
N’allez point rechercher les espèces bizarres.
Préférez les plus beaux, et non pas les plus rares.
Offrez-nous ces oiseaux qui, nés sous d’autres cieux,
Favoris du soleil, brillent de tous ses feux,
L’or pourpré du faisan, l’émail de la pintade.
Logez plus richement ces oiseaux de parade ;
Eux-mêmes sont un luxe, et puisque leur beauté
Rachète à vos regards leur inutilité,
De ces captifs brillants que les prisons soient belles.
Surtout ne m’offrez point ces animaux rebelles,
De qui l’orgueil s’indigne, et languit dans nos fers.
Eh quel œil sans regret peut voir le roi des airs,