Page:Delille - Les Jardins, 1782.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et le jaune ananas par ces chaleurs trompé
Vous livrer de son fruit le trésor usurpé.

Motivez donc toujours vos divers édifices,
Des animaux, des fleurs agréables hospices.
Combien d’autres encore, adoptés par les lieux,
Approuvés par le goût, peuvent charmer nos yeux ?
Sous ces saules que baigne une onde salutaire,
Je placerois du bain l’asile solitaire.
Plus loin, une cabane, où règne la fraîcheur,
Offriroit les filets et la ligne au pêcheur.

Vous voyez de ce bois la douce solitude ;
J’y consacre un asile aux muses, à l’étude.
Dans ce majestueux et long enfoncement
J’ordonne un obélisque, auguste monument.
Il s’élève, et j’écris sur la pierre attendrie :
À nos braves marins, mourants pour la patrie.

Ainsi vos bâtiments, vos asiles divers
Ne seront point oisifs, ne seront point déserts.
Au site assortissez leur figure, leur masse.
Que chacun avec goût établi dans sa place,
Jamais trop resserré, jamais trop étendu,
N’éclipse point la scène, et n’y soit point perdu.