Page:Delille - Les Jardins, 1782.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


AVERTISSEMENT


Plusieurs personnes d’un grand mérite ont écrit en prose sur les jardins. L’auteur de ce poème leur a emprunté quelques préceptes, et même quelques descriptions. Dans plusieurs endroits il a eu le bonheur de se rencontrer avec eux ; car son poème a été commencé, avant que leurs ouvrages parussent. Il ne dissimulera pas que c’est avec la plus grande défiance qu’il livre à l’impression cet ouvrage trop attendu, et surtout trop loué. L’indulgence extrême de ceux qui l’ont entendu, lui est un garant trop sûr de la rigueur de ceux qui le liront.

Ce poème a d’ailleurs un très grand inconvénient, celui d’être un poème didactique. Ce genre est nécessairement un peu froid, et doit le paraître encore davantage à une nation qui ne supporte guère, comme on l’a souvent remarqué, que les vers composés pour le théâtre, et qui sont la peinture des passions ou des ridicules. Peu de personnes, je dirais même peu de gens de lettres, lisent les Géorgiques de Virgile ; et tous ceux qui connaissent la langue latine, savent par cœur le quatrième livre de l’Énéide.