Page:Delille - Les Jardins, 1782.djvu/37

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Ou pendoient sur leur tête en festons de verdure,
Et de fleurs, en passant, semoient leur chevelure.
Dirai-je ces forêts d’arbustes, d’arbrisseaux,
Entrelaçant en voûte, en alcôve, en berceaux
Leurs bras voluptueux, et leurs tiges fleuries ?

C’est là que, les yeux pleins de tendres rêveries,
Ève à son jeune époux abandonna sa main,
Et rougit comme l’aube aux portes du matin.
Tout les félicitoit dans toute la nature,
Le ciel par son éclat, l’onde par son murmure.
La terre, en tressaillant, ressentit leurs plaisirs ;
Zéphyre aux antres verts redisoit leurs soupirs ;
Les arbres frémissoient, et la rose inclinée
Versoit tous ses parfums sur le lit d’hyménée.
Ô bonheur ineffable ! ô fortunés époux !
Heureux dans ses jardins, heureux qui, comme vous,
Vivroit, loin des tourments où l’orgueil est en proie,
Riche de fruits, de fleurs, d’innocence et de joie !