Page:Delille - Les Jardins, 1782.djvu/53

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De l’œil rassasié variant les délices,
Vos panaches, vos fleurs, vos boules, vos calices,
À l’envi s’uniroient dans mes brillants travaux,
Et Van-Huysum lui-même envieroit mes tableaux.

Mais vous à qui le ciel prodigua leur richesse,
Ménagez avec art leur pompe enchanteresse :
Partagez aux saisons leurs brillantes faveurs ;
Que chacun apportant ses parfums, ses couleurs,
Reparaisse à son tour, et qu’au front de l’année
Sa guirlande de fleurs ne soit jamais fanée.
Ainsi votre jardin varie avec le temps :
Tout mois a ses bosquets, tout bosquet son printemps,
Printemps bientôt flétri ! Toutefois votre adresse
Peut consoler encor de sa courte richesse.
Que par des soins prudents tous ces arbres plantés,
Quand ils seront sans fleurs, ne soient pas sans beautés.
Ainsi l’adroite Églé prolongeant son empire,
Au déclin des beaux ans sait encor nous séduire.

Le ciel même, malgré l’inclémence de l’air,
N’a pas de tous ses dons déshérité l’hiver.
Alors des vents jaloux défiant les outrages,
Plusieurs arbres encor retiennent leurs feuillages.