Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/22

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— Il l’était peut-être. Il ne le sera plus. Cet homme qui a porté tant d’intérêt aux découvertes de Claude et à mes efforts et à tout ce qui s’enseignait en France, ce savant, ce maître, cet esprit libre, a signé depuis un an quelques articles honteux sur la science française et ses représentants. Je lui ai écrit pour lui demander si au moins il écrivait « en service commandé ». Il m’a répondu que j’étais évidemment affiliée aux ironistes faciles de Paris et que c’était bien malheureux. Il s’en est suivi une petite campagne contre moi dans les milieux médicaux d’Allemagne. Les malades de ce digne pays ne viennent plus chez moi, c’est pourquoi il n’y vient presque plus personne. Le docteur Reischkopf et ses amis remplissaient ma maison de toutes les cures qu’ils n’avaient pas le loisir de suivre eux-mêmes.

Claude bouffonna :

— En somme, tu as un passé honteux.

— Ah ! ne plaisante pas là-dessus, dit Anna très en colère. Si tu savais comme je suis écœurée d’avoir soigné tous ces… tous ces… tiens… oh ! je… oh !…

— Allez, Anna, ne gémissez pas. Ouchy n’est jamais allé aussi loin que Paris dans la folie de l’hospitalité. Vous n’avez plus d’Allemands chez vous, n’est-ce pas ? Alors…