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Berlin, 1er juillet 1914.

Les médecins m’ennuient. Que faire ?

Je sais bien que je suis malade et très malade. Voilà quelques douzaines d’années que je me soigne, que j’obéis à des gens que je paye.

Ils ne m’ont pas guéri.

Qu’est-ce qu’on a trouvé pour me tirer de toutes ces misères ? Des drogues, des douches, des tampons dans l’oreille, et je ne sais combien de milliers de saletés. Tout ça n’empêche pas que j’entends mal et que je vois venir le jour où on coupera ma viande dans mon assiette.

Mais que vais-je penser aujourd’hui ? J’ai acquis un définitif mépris de ces incommodités. Je m’y suis résigné.

Avec dégoût, mais absolument résigné.

Je ne demande aux médecins que d’enrayer les progrès possibles de mes petites tristesses physiques. Il me semble que ça, ils peuvent.

Ah ! je n’ai aucune confiance !