Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On me dit qu’il a tenu à ne pas l’être. Ces gens sont bizarres.

Mais il me plaît. Il doit être horriblement faux, avec son doux regard de myope derrière le binocle et sa voix lente et tendre, une voix bien tendre, une voix rêvée pour mentir. Il parle peinture tout le temps, et poésie. Il est sûrement plus politique que l’autre.

Il s’habille dans le genre d’Henry, à cela près qu’il y a de la recherche dans ses vêtements. Sa cravate était bien jolie, par hasard probablement. Mais son gilet fleuri m’a paru affreux. Pas à lui, c’est certain.

Une dame Dié, Marie Dié, complétait ce petit groupe bourgeois. Son mari est industriel aussi. On ne l’avait pas amené. Je n’ai pas bien su si elle était habillée comme je le souhaite. Je me suis tout de suite préoccupé de ses yeux gris et de ses mains. J’aime les belles mains. Elle a des mains de luxe, cette femme-là.


Le dîner a été de tout premier ordre. Je parle du menu. On avait composé à mon intention le plus savoureux programme qui soit. Le chef du bord a fait un long séjour au Café de Paris et je comprends maintenant le petit ton, averti et léger, qu’adoptent les Parisiens pour parler du Café de Paris. J’irai