Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/63

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hôte à bord du Frédéric pendant ce voyage ? Vous pourrez chercher vainement le plus petit torpilleur à l’horizon pendant quatre semaines.

Il eut un salut d’homme du monde, je dois l’avouer, et me remercia, donnant pour excuse qu’il devait accompagner le président Poincaré dans son voyage en Russie et en Scandinavie, à bord du cuirassé France.

Je lui fis même remarquer qu’il était mal venu d’incriminer des projets — impossibles — d’armements en Allemagne, puisqu’il rendait visite à leurs alliés en si belliqueux appareil.

On rit énormément, et l’on compara plaisamment le yacht Frédéric au France, que l’on dit considérable. Thülow riait avec exagération, mais madame Le Page, notre hôtesse, faisait de petits roucoulements très jolis, et la princesse Agarieff, presque impassible, mettait un poing sur son cœur, comme s’il allait éclater de gaieté. Madame Dié avait un interminable sourire délicieux, qui ne montrait pas ses dents, et qui, avec un tout petit pli de ses lèvres, éclairait toute sa figure. Ses yeux gris semblaient dorés. Madame Dié est une femme qui me plaît.

Elle ne parle guère.