Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et moi :

— Dites.

— Eh bien… Ibsen… d’Annunzio…

Je demande sans confiance :

— Hauptmann ?

— Non.

Elle l’a dit trop vite. N’importe. Elle est intéressante.

— Votre vie doit être belle, Madame, avec ces goûts, et ce sentiment qui est au fond de vous.

— Ma vie est belle, oui, parce que j’ai mon fils.

Ça m’ennuie. Un fils !… Le mari suffisait…

— Je suis venue en Allemagne pour lui. Il va passer deux ans chez des amis de Berlin pour étudier votre langue et vos mœurs. Il me manquera bien. Il a quinze ans.

Il a fallu prendre congé. J’ai quitté à regret ces gens aimables. Comme je suis satisfait d’être venu à Kiel ! Le départ a été cordial et franc. Cela me plaît.

Dans le canot qui s’éloignait vers le Frédéric, je regardais avec contentement la grande tache blanche de l'Irène, et son feu rouge et les lumières des hublots. D’autres embarcations accostaient pour emmener le reste des invités à terre ou sur d’autres yachts. Il y avait encore sur le pont des ombres qui allaient