Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/98

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Schmeinecht était si angoissant que je dois attendre chez moi. Je suis incapable de m’occuper et même de penser.

Je déploie une carte d’Europe. Que d’affaires mal réglées dans cette affaire : la distribution d’un continent. Un enfant la corrigerait. La forme de la Pologne, de la France, de la Suisse, comment ne voudrait-on pas mettre au point ces erreurs criardes ?

Le temps est-il venu ?…

Que sais-je ?

… Peut-être est-il trop tard — ou trop tôt. Il y a trois ou quatre ans, un jour, tout a senti la poudre, et partout la poudre était défectueuse sauf dans les arsenaux d’Allemagne. Il y a eu une date, une date précise, qui n’est que d’un jour, que d’une heure peut-être, où le geste que nous n’osions risquer devait être risqué. Moi, je voulais, mais c’est aujourd’hui seulement que mes paroles d’alors sont entendues.

Aujourd’hui, tant de choses sont changées. Ça ne sent plus la poudre et, cependant, je sais que d’autres vont en avoir autant que nous. La diplomatie étrangère a mis souvent en déroute nos grands hommes et le commerce a bouleversé sa ligne de conquête. S’il était possible d’attendre, d’attendre longtemps, la production allemande réaliserait peut-être sans heurt son impérialisme