Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/101

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— C’est selon s’il me plaît, madame.

— Naturellement… Mais il vous plaira, j’en suis sûre. C’est le fils d’un homme absolument remarquable… Alix, vous qui êtes parisienne avez dû entendre parler de Roger Maublars.

— En effet, mon père a prononcé quelquefois ce nom devant moi, répondit la jeune fille en se contraignant pour ne pas trahir son émotion.

— Un être d’une intelligence hors ligne, dit Georgina avec une conviction admirative. Vous avez sans doute remarqué la superbe villa bâtie au bord de la falaise, sur la route de la lande d’Evonny ?

Dans ses promenades, Alix avait pu voir, en effet, cette très moderne habitation, véritable dissonance au milieu de cette nature sauvage. La mer, dans ses jours de furie, projetait ses embruns sur le jardin aux pelouses admirables, semées d’éclatantes corbeilles ; des balcons finement ouvragés, l’œil ne devait découvrir que les bois sombres, les landes sans fin et le sévère Océan aux rives rocheuses… Jusqu’ici, Alix avait toujours vu closes les persiennes vert pâle, et désertes les allées si bien sablées.

— Voici plusieurs années que les Maublars n’étaient revenus ici, continua Mme Orzal. Roger aimait beaucoup ce pays, mais sa femme ne pouvait supporter l’air trop vif de nos côtes ; il se décida à ne plus y passer les vacances. Mme Maublars est morte l’année dernière, lui laissant deux enfants, et, ce matin même, j’ai reçu de lui une carte m’annonçant son arrivée pour le milieu de juillet… C’est un excellent ami et son fils sera un camarade pour Gaétan, dont il a l’âge, je crois.

Elle continua à vanter les qualités d’esprit de Roger Maublars. Miss Elson, souffrant de violentes névralgies, l’écoutait poliment en répondant par monosyllabes, mais Alix n’entendait plus rien. La nouvelle annoncée par Georgina bruissait seule à