Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/133

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dévorait à belles dents. Sur la sévère injonction de l’institutrice, il suivit Gaétan qui faisait, sans empressement, les quelques pas le séparant des visiteurs.

En voyant ce dernier tout près de lui, en rencontrant le regard profond de ces grandes prunelles grises, Maublars eut un mouvement de recul. Une seconde, sa physionomie exprima une émotion puissante et une sorte d’égarement… Mais il se ressaisit avec promptitude et dit d’un ton léger :

— Un vrai Regbrenz, celui-ci !… Voilà un bon camarade pour Adolphe… Où es-tu, Adolphe ?

— Me voici, papa, répondit la voix traînante du petit garçon.

Depuis son arrivée, il dévisageait effrontément Alix et ses frères, tout en dépouillant les branches du plus beau seringa. De son côté, la petite fille s’occupait à lisser ses dentelles et à ramener sur son front des petites boucles blondes dérangées par le vent.

— Allons, Gaétan, emmenez Adolphe, ordonna Mme Orzal. Vous feriez mieux connaissance, étant seuls.

— Je vais faire un tour dans le parc…, les enfants m’accompagneront, dit précipitamment Alix.

— Pas du tout, ma chère. Il n’y a rien à craindre ici pour un garçon de l’âge de Gaétan, et vous ne pouvez toujours prétendre le garder dans vos jupes. Venez avec nous…

— Papa, voilà la pluie ! Ma robe rose va être mouillée !… et mon chapeau neuf, mes dentelles ! s’écria la voix perçante de la petite fille.

En effet, de larges gouttes de pluie tombaient avec bruit et, au-dessus des causeurs, les nuées d’un noir d’encre s’amoncelaient.

— Vite, à la maison s’écria Georgina en relevant