Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/153

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aux Sézannek, après les affaires plus ou moins loyales dont s’étaient occupés, en ces derniers temps, mon père et ma sœur ? Mon inexpérience de ces matières ne me permettait pas d’apprécier le degré exact de ces indélicatesses.

» Spontanément, j’allai tout confier à Philippe. Il me rassura en me traitant gentiment d’esprit chimérique et, comme il devait partir le lendemain — sa présence étant désormais impossible à Bred’-Languest — il me dit qu’il allait prendre au plus tôt les informations nécessaires afin de m’ôter toute inquiétude.

» — D’ailleurs, ajouta-t-il, les Regbrenz ont un assez beau passé d’honneur et de gloire pour couvrir la passagère défaillance de leur descendant, et je vous suis trop fortement attaché pour qu’une telle considération m’arrête.

» Nous nous séparâmes le lendemain, toujours confiants, et je me retrouvai seule dans cette demeure qui m’effrayait désormais, en butte à la terrible rancune de celle qu’avait profondément irritée le dédain de M. de Sézannek à son égard. Comme une espérance je voyais luire l’aurore de ma majorité, bien résolue à demander asile à quelque couvent plutôt que de subir encore cette existence odieuse, pleine de dangers cachés.

» Deux jours après le départ de celui que j’appelais déjà mon fiancé, comme je rentrais du parc et montais dans ma chambre, mon attention fut attirée par un papier tombé dans un angle du couloir. L’ayant ramassé, je reconnus l’écriture de ma sœur et, poussée par un pressentiment je lus… Tout d’abord, Georgina accusait réception d’une somme de dix mille francs, puis elle ajoutait : Tâchez de retrouver semblable affaire, cher monsieur, elle sera encore bien accueillie ici et ne me parlez plus de prétendus scrupules que je puis avoir. J’en ai aussi