Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/182

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des rochers étant atteinte, les indices manquèrent complètement. Il fallait chercher en aveugle dans ce dédale de roches glissantes et de flaques d’eau laissées par la dernière marée.

Alix avançait intrépidement, mais, peu habituée à cet exercice, elle trébuchait et se blessait les mains en se retenant au roc… Son bras fut tout à coup saisi et elle se sentit soutenue par une main vigoureuse, guidée par un être fort et agile, pour lequel cette course pénible n’était qu’un jeu. Confiante, Alix se laissait diriger par son oncle, bénissant Dieu du soutien inespéré qui lui était donné dans sa détresse.

L’espace compris entre la falaise et la mer se resserrait peu à peu. Le flot montant s’engouffrait à travers les roches avec un bruit de tonnerre, et ses embruns, projetés par le vent, enveloppaient de brume les jeunes gens et Mathurine. À gauche, dans la muraille à pic formée par la falaise, s’ouvraient trois ou quatre grottes, non encore atteintes par le flux.

— Je vais les visiter, dit Even, mais, pour les autres, cela est impossible, elles sont déjà envahies par la mer.

Mais rien, toujours rien dans les grottes au sol sablonneux couvert de varech et de coquillages. À la quatrième, la vague écumante venait mourir à quelques pas de l’entrée, et, lorsque Even rejoignit les deux femmes, ses pieds étaient mouillés par l’eau qui les avait couverts au passage.

— Dans dix minutes, la mer aura rempli cette grotte. Impossible de chercher plus loin.

Défaillante d’angoisse, Alix s’appuya à une roche. Cette parole lui semblait la condamnation de Gaétan… Les larmes coulaient, brûlantes, de ses yeux fatigués, et ses mains se tordaient inconsciemment tandis qu’elle murmurait :

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