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GWEN, PRINCESSE D’ORIENT

Nouhourmal se tut un moment. Sa voix conservait les notes calmes et lentes habituelles ; mais l’étroit visage marmoréen frémissait un peu, et les yeux noirs luisaient dans l’ombre des paupières peintes.

— … La haine pour celui qui avait bafoué tant de fois mon amour et par qui j’avais connu la déchéance morale… Une haine secrète et implacable. Je songeai dès lors à la vengeance. Il fallait l’atteindre au point le plus sensible. Et ce point, c’était son fils.

Elle eut un rire bas et sardonique.

— … Celui qu’il croyait son fils. Par ton intelligence, par tes dons physiques, tu réalisais toutes les ambitions paternelles. Demain, il faisait de toi le plus puissant des souverains…

« Mais quand il saura qu’il n’a plus de fils… que tu es le fils de Riec — de son frère Riec qu’il a fait mourir…

Dougual eut une sourde exclamation :

— Vous dites ?

— Riec mourut par le poison, comme la mère de Gwen. Il avait une nature honnête et droite qui gênait Ivor ; puis celui-ci voulait prendre sa place d’héritier du rajah. D’ailleurs, tous ceux qui l’ont gêné, il les a écartés, implacablement. Un jour, il s’en est vanté devant moi, cyniquement. Il m’a même raconté toute l’histoire de cette malheureuse Varvara