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de la vieille demoiselle s’allumait une lueur de contentement sarcastique.

Macha, la femme de chambre, entra, apportant le plateau du thé. Quand elle l’eut posé sur une petite table, elle resta immobile, écoutant la musicienne avec un plaisir qui se reflétait sur son visage placide.

— Tu joues admirablement cette fugue, mon enfant, dit Mlle Herminie quand la jeune fille quitta la piano. Vraiment, j’ai là une élève qui me fait grand honneur… N’est-il pas vrai, Macha ?

— Oh ! Mlle Gwen réussit en tout ! répondit la Russe avec une conviction admirative.

Gwen eut un de ces sourires qu’on ne lui connaissait pas chez son tuteur et qui était une des séductions de cette physionomie aux expressions si changeantes.

— Je le voudrais bien, Macha ! Ce serait très agréable !

— Mais cela ferait mourir de rage Mme Blanche Dourzen, dit ironiquement Mlle Herminie. Voilà qui serait trop dommage ! Sers-nous le thé, Gwen. Macha t’a fabriqué un de ces gâteaux que tu aimes.

De nouveau, le doux sourire charmeur parut sur les lèvres de la jeune fille pour remercier la bonne créature de son attention.

Macha était la fille de petits commerçants, échappée de la Russie bolcheviste et que Mlle Herminie avait prise à son service quinze ans auparavant. Depuis lors, elle ne l’avait