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ble qu’elle arrivât au but souhaité par sa vanité : avoir ses entrées au château de Kermazenc où venait d’arriver, pour y passer l’été, le comte Ivor de Penanscoët, rajah de Pavala, dans l’île de Bornéo.

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Sur la route, au moment où arrivait l’automobile, Varvara s’était reculée vers le fossé, en tenant sa petite fille contre elle. D’un regard machinal, à peine curieux, elle enveloppa la luxueuse voiture, les serviteurs exotiques. Puis elle continua son chemin, du même pas souple et sans hâte. Un pli traversait le front blanc, un autre mettait de l’amertume au coin des lèvres longues et fines. Dans l’ombre des cils noirs un peu baissés, les yeux couleur de turquoise semblaient endormis, sans éclat.

La petite Gwen trottinait à côté de sa mère. Son corps fluet se mouvait à l’aise dans une blouse de flanelle blanche sans garniture. Son visage menu, encadré de courtes boucles d’un blond roux, aurait paru presque laid, sans la beauté des yeux qui avaient les changeantes nuances de la mer et reflétaient la vivacité, l’intelligence précoce de cette âme enfantine.

Bientôt, Varvara quitta la route pour s’engager dans un chemin creux, bordé de chênes noueux. Puis ce fut la lande couverte d’ajoncs, parsemée de blocs granitiques. L’air tiède, maintenant, sentait le sel. Par un sentier qui montait légèrement, pour redescendre bientôt,