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Ayant serré la main de son père et d’Appadjy, Dougual s’éloigna en sifflant ses chiens qui vinrent bondir autour de lui. La Javanaise disparut, silencieusement, ainsi que le fidèle Wou. Il ne resta sur la terrasse qu’Ivor de Penanscoët et le brahmane.

Le comte reposa la tasse qu’il tenait encore entre ses doigts et regarda son ami.

— Eh bien ! Appadjy, que dis-tu des fantaisies du destin ?… Sans que je l’aie cherché, la fille de Varvara va subir le même sort que sa mère.

— Oui, c’est étrange, dit Appadjy. Tu t’es vengé terriblement de cette femme… et voilà que le sort la prolonge, l’intensifie, cette vengeance, par-delà même la tombe de Varvara.

Une joie infernale brilla dans le regard du comte.

— C’est parfait ! Ah ! Varvara, tu as échappé à ma domination, tu m’as insulté par des paroles telles qu’un homme de ma sorte ne les oublie jamais… Vois maintenant ce que va de venir ta fille : une esclave parmi les esclaves de Han-Kaï, rajah de Pavala… une esclave que le caprice du maître rejettera dans le néant, comme d’autres avant elle, et qui verra sa fierté — si elle en a — abattue, méprisée, son cœur torturé, toute sa personne morale abaissée, piétinée… Comme toi, Varvara, comme toi ! Dougual est mon fils, et je l’ai élevé à mon image, je lui ai enseigné de quelle façon doi-