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tia Gwen, dont les sanglots étouffaient la voix.

— Ah ! oui… oui, je comprends, pauvre petite. Eh bien ! je vais dire à la servante d’apporter vos affaires…

M. Dourzen sortit avec le médecin. Il dit à mi-voix, tout en se dirigeant vers l’escalier :

— Quel singulier regard a cette enfant ! Il n’est pas de son âge… Je me demande si elle est bien facile de caractère. C’est qu’avec ma femme, il faudra qu’elle marche !

— Cela s’arrangera toujours. Au besoin, si cette petite était trop désagréable, vous pourriez la mettre en pension.

— Oui, si elle a quelque revenu.

— Sa mère ne vivait pas avec rien. Il doit y avoir quelque chose.

— Enfin, nous verrons… Je vais dire à la servante de l’habiller, et puis nous partirons, pour ne pas vous retarder davantage, docteur.

Quand, vingt minutes plus tard, Mme Dourzen vit entrer son mari, tenant Gwen par la main, dans la pièce qu’elle appelait le petit salon, elle fronça les sourcils et dit sèchement :

— Laisse donc cette petite dans l’antichambre, Hervé. Ce n’est pas sa place ici.

— Mais, ma bonne amie… pour que tu fasses sa connaissance…

Un regard de foudroyant dédain lui coupa la parole.

— Je croyais t’avoir assez fait comprendre que je remplis un pénible devoir de charité, en recueillant provisoirement la fille de cette…