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fant, que tout cela ne convenait pas à une petite créature qui n’avait à peu près rien pour vivre. En outre, elle avait changé en celui de Sophie son nom de Gwen, trop difficile à prononcer, prétendait-elle, et qui singulariserait plus tard une personne appelée à gagner sa vie.

— Mets-toi bien dans l’esprit que je te garde par pure charité, pour qu’on ne t’envoie pas aux Enfants assistés, lui avait-elle dit.

La petite fille attachait sur elle ses grands yeux assombris, farouches, sans prononcer un mot. Et Mme Dourzen s’éloignait en déclarant avec une dédaigneuse impatience :

— Que cette enfant est désagréable à regarder ! Un de ces jours, je la giflerai, pour lui faire changer de mine.

Hervé se gardait de protester, d’autant mieux que l’humeur de son aimable épouse traversait une phase particulièrement mauvaise. Il y avait à cela plusieurs raisons.

D’abord l’installation de Mlle Herminie, qui s’était faite à grand renfort de femmes de ménage, de seaux d’eau, de savon noir et d’encaustique. Jamais ladite demoiselle n’avait témoigné un tel désir d’avoir un logis impeccable. Tout Lesmélenc, par ses soins, connut qu’elle avait trouvé son appartement plein de poussière et de toiles d’araignées, que les mites avaient endommagé rideaux et sièges et les souris fait leurs dégâts dans plusieurs pièces. Ceci dit avec la malignité habituelle chez elle,