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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


au physique, sachant se dégager d’une passion dès qu’il s’apercevait qu’elle le menait où il ne voulait pas aller, et ayant lui-même résisté victorieusement au charme de la belle Griselda, dont il se savait aimé, Odon prétendait obtenir de son frère le même acte d’énergie. Mais Bernard n’était plus capable d’écouter cette voix qui avait été jusqu’ici tellement puissante sur lui. Une autre influence le dominait. Griselda, comprenant qu’Odon lui échappait, voulait au moins conquérir la fortune rêvée, le nom, la haute situation, par un mariage avec Bernard. Et ce malheur s’accomplit. Odon n’assista pas à la cérémonie. Il se mit à voyager, et ne revit plus son frère que mort sur un lit d’hôtel. Le drame avait été prompt et terrible. Odon en ignorait les phases, mais il se les représentait facilement, avec sa connaissance de l’âme de son frère et ce qu’il savait de la nature de Griselda. Le cœur passionné s’était heurté à l’indifférence dédaigneuse de cette femme qui n’avait épousé le futur marquis de Montluzac que par ambition. Bernard avait connu toutes les tortures de la jalousie, de l’amour bafoué, jusqu’au jour où Griselda était partie… avec un million de bijoux. Alors, il s’était tué. Du moins, Odon en était persuadé. Et dans toute l’atroce souffrance de ce drame, une des pensées les plus