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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


professeur, elle pourrait elle-même donner des leçons.

Odon ne put retenir un sourire.

— En vérité, je ne m’imagine pas dans un tel rôle cette délicieuse fillette !

M. de Capdeuilles secoua la tête.

— Moi non plus, je vous l’avoue. Ma petite Roselyne, si enfant, qui ignore tout de la vie…

— Ignorance charmante… et dangereuse.

— Vous avez raison. Mais cette candeur semblait chose exquise à un vieux pécheur comme moi… Et puis, en dépit de ses dix-sept ans, je ne puis me figurer que ma Roselyne soit une jeune fille. Cependant, quand je l’aurai quittée, elle sera seule pour marcher à travers la vie. Je ne connais personne à qui j’oserais confier cette précieuse tutelle, en dehors de notre vieux curé. Mais il a quatre-vingts ans. Et si Roselyne veut travailler, il faut qu’elle quitte ce pays, qu’elle aille dans une ville… La voyez-vous, ma petite ondine, avec son âme d’ange et ses ignorances d’enfant, exposée à tous les dangers de la solitude ? Non, c’est impossible !

— Je suis de votre avis. Mais le problème me paraît difficile à résoudre, étant donnés surtout les moyens restreints dont elle disposerait, si vous