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LA PETITE CHANOINESSE

— Oui, c’est cela…

Elle fit quelques pas vers la porte, en jetant un long regard autour d’elle, sur la pièce si familière. Puis elle s’arrêta, ses yeux tout à coup humides dirigés vers l’embrasure de fenêtre où demeuraient le grand fauteuil de tapisserie, la table à ouvrage en bois de rose, la corbeille débordante de laine grise et blanche.

Ogier demanda :

— Vous pensez à votre pauvre amie ?

— Oui… Si souvent, je me suis assise là, près d’elle ! Nous causions, elle me donnait des conseils — de bons et tendres conseils, que je n’oublierai jamais. Puis je lui lisais ses livres préférés, qu’elle m’apprenait à aimer.

— Quels étaient ces livres ?

— Des ouvrages religieux surtout, principalement les œuvres des Pères de l’Église, traduites ou commentées, puis des extraits de nos auteurs classiques… Mme de Valheuil aimait tout particulièrement Racine. Mais elle ne m’a jamais fait lire de lui qu’Esther et Athalie, ainsi que quelques passages d’Andromaque.

Ogier dit avec un léger sourire d’ironie :

— Oui, je comprends… Racine, en dehors des œuvres citées, n’est pas un auteur pour les petites chanoinesses de dix-huit ans. Il pourrait leur