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LA PETITE CHANOINESSE

quelle a été jusqu’ici votre existence ? Oseriez-vous me le dire ?

Un instant surpris par cette virulente attaque, M. de Chancenay, qui ne se laissait pas facilement déconcerter, riposta en contenant son impatience :

— Je ne prétends pas en effet me trouver exempt de reproche. Mais vous pouvez prendre des renseignements, madame, et l’on vous apprendra qu’Ogier de Chancenay a toujours suivi les lois de l’honneur…

— Oui, oui… comme mon beau-frère, Aymard de Valromée, comme mon neveu Jacques… Et les pauvres femmes sont mortes de douleur, abandonnées, après avoir subi toutes les insultes. Voilà, évidemment, des précédents bien faits pour m’engager à vous donner ma petite-nièce, monsieur de Chancenay !

La vieille dame se redressait, agressive, le visage tendu par une indignation mal contenue.

Ogier dit avec un calme forcé :

— Mais, madame, il n’y a pas que ces mauvais ménages-là, dans le monde ! L’union de mon père et de ma mère, par exemple, a été parfaite. Et je suis bien certain, pour mon compte, de rendre heureuse Mlle de Valromée, de ne lui réserver aucune désagréable surprise, car je