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LA PETITE CHANOINESSE

saient apercevoir des poires pendantes et lourdes.

Hier, en revenant de chercher dans le jardin du Pré-Béni un dernier panier de fruits, Rosalie avait dit à M. de Chancenay qui, au passage, en remarquait la beauté :

— Il y a la même espèce, mais plus grosse encore, dans le verger de Prexeuil. Mme Antoinette — c’est une petite idée à elle — veut qu’on les cueille toujours à la Sainte-Brigitte. Et c’est Mlle Élys qui s’en charge, parce qu’elle sait combien Mme la comtesse tient à ce que ces beaux fruits ne soient pas abîmés.

Ogier avait dit machinalement :

— Ah ! oui, je me souviens d’avoir remarqué ce poirier, en passant un jour dans le sentier près de Prexeuil. On le voit très bien, par la brèche du mur.

Puis, un peu plus tard, il avait songé : « Mais la Sainte-Brigitte, c’est demain !… Si Élys vient seule dans le verger, je pourrai peut-être la voir, lui parler… »

Voilà pourquoi il était là, cet après-midi, près de la brèche. D’un coup d’œil, il s’était assuré que le poirier avait encore ses fruits… Il ne restait donc qu’à prendre patience, puisque, pour complaire à une petite manie de sa grand’tante, Mlle de Valromée devait faire sa cueillette aujourd’hui, date fatidique.