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LA PETITE CHANOINESSE

Au cours de ces promenades, M. de Chancenay avait parfois l’ennui de rencontrer Sari. Celle-ci, comme il l’avait bien prévu, mettait tout en œuvre pour se trouver sous ses pas. Mais une hautaine froideur répondait à ses sourires, à ses regards d’admiration câline… Néanmoins, la tenace petite créature ne se décourageait pas. Elle écrivait à sa mère :

« Je n’ai jamais cessé de l’aimer, je l’aime de plus en plus ! Aussi ferai-je tout au monde pour vaincre son indifférence… T’ai-je dit qu’il paraissait fort changé, qu’il serait devenu catholique pratiquant, d’après ce que l’on raconte, et disposé à brûler ce qu’il avait adoré, c’est-à-dire son existence mondaine et sa vie de libre jouissance ? Mais, bah ! ce sont des idées qui lui passeront… En tout cas, inutile, pour mon compte, de jouer la dévotion, car il n’y croirait pas plus maintenant qu’autrefois. »

Ogier avait eu le plaisir, à deux reprises, de faire une autre rencontre : celle d’Élys, qui accompagnait Mme Jarmans et les petites filles. À peine les deux groupes s’arrêtaient-ils quelques minutes, prononçaient-ils quelques mots. Cela suffisait aux jeunes gens pour échanger un discret regard d’amour, dont ils emportaient la chaude douceur au fond de l’âme.