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LA PETITE CHANOINESSE

Quand le notaire eut terminé sa lecture, Ogier dit d’un ton approbateur :

— Bien, très bien. Vous arrangerez cela par correspondance avec ma grand’mère, n’est-ce pas ? Moi, je pars demain, car on m’attend.

— Mais certainement, monsieur le comte ! Rien de plus facile !

Le petit homme contemplait avec une déférence émerveillée cet élégant gentilhomme qui n’avait même pas eu le plus petit signe de contrariété, en entendant que la fortune de sa parente allait à des étrangers… qui même approuvait tout, spontanément… M. Boudard, fort intéressé, ne le comprenait guère. Mais il se sentait pénétré d’une considération dévotieuse, à l’idée que cette somme, considérable à ses yeux de petit tabellion provincial, apparaissait insignifiante à M. de Chancenay.

Quand le notaire se fut éloigné, après de déférentes salutations, Ogier s’en alla errer dans le jardin. Il s’ennuyait, et aspirait au lendemain pour reprendre le train. La mort de cette parente inconnue le laissait indifférent. Ce voyage, ce court séjour au Pré-Béni, la cérémonie du lendemain, tout cela représentait une corvée dont il serait fort aise d’être délivré. En outre, le temps maussade n’était pas fait pour lui donner une