Page:Delly - La Petite Chanoinesse.pdf/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
LA PETITE CHANOINESSE

sinon pour aller deux ou trois fois à Besançon, et un peu plus souvent à Pontarlier. M. de Chancenay s’exclama en souriant :

— Mais c’est extraordinaire, à notre époque !… Et vous n’avez pas désiré de voir d’autres horizons, de changer un peu d’habitudes ?

Elle dit simplement, avec un sourire discret et doux :

— Si, parfois. Mais je ne m’y suis pas arrêtée, sachant un tel souhait irréalisable. Mes tantes ne veulent pas quitter Prexeuil… Et c’est là que, moi aussi, je vivrai toujours.

— Oh ! par exemple, rien n’est moins certain que cela !

Un regard surpris se leva sur lui. Alors, ayant conscience d’avoir mis dans sa protestation plus de vivacité qu’il ne convenait, Ogier ajouta :

— Nul ne connaît l’avenir qui l’attend… Vous pas plus que d’autres, j’en suis sûr, mademoiselle.

Elle dit avec une tranquille gravité :

— Oh ! si, je le connais.

Il pensa tout aussitôt, avec un étrange sentiment d’inquiétude : « Ferait-on vœu de célibat, en entrant dans ce chapitre ? »

Et, voulant savoir, il dit en affectant de sourire :