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LA PETITE CHANOINESSE

et pût prendre ses précautions en conséquence.

L’amour, le désir de triompher de la vieille tante autocrate s’unissaient pour inspirer à Ogier la volonté de surmonter les obstacles, de conquérir Élys, fût-ce au prix de grandes difficultés. Elle lui serait d’autant plus chère qu’il aurait eu plus de peine à l’obtenir… Et puis, au fond, il comptait bien que Mme de Prexeuil ne serait pas inexorable, si elle voyait sa petite-nièce amoureuse, et qu’elle reconnaîtrait l’erreur où elle était tombée en prétendant la condamner à vivre solitaire, comme elle.

Le lendemain de ce jour où il avait reçu la lettre de son aïeule, M. de Chancenay se rendit à Gouxy, pour assister à la grand’messe du dimanche. Rosalie, l’avant-veille, lui avait dit incidemment que Mlle de Valromée tenait l’harmonium, et chantait parfois. C’était pour la voir et l’entendre qu’Ogier, depuis longtemps oublieux du devoir dominical, avait décidé de se rendre à la vieille petite église.

Il se plaça de façon à voir l’harmonium, et à n’être pas vu de Mme Antoinette. Sans souci de l’attention dont il était l’objet, il attendit avec impatience l’apparition des chanoinesses… Elles entrèrent, vinrent au banc de chêne sculpté placé en avant, où prirent place Mme de Prexeuil et