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Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/113

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LES DEUX FRATERNITÉS

— Vous osez !… vous !… vous !…

Il redressa la tête, et, croisant les bras sur sa large poitrine :

— Oui, moi, Prosper Louviers, moi qui suis veuf comme vous, et qui vous demande de m’accepter pour votre époux. J’ai un fils, vos enfants seront éïevés avec lui, je me chargerai de leur avenir.

— Taisez-vous ! balbutia-t-elle d’une voix étouffée.

— Si, vous m’entendrez, Micheline. Il faut que vous acceptiez, c’est mon bonheur qui est en jeu. Que craignez-vous ? Je n’ai pas, il est vrai, vos opinions religieuses, mais je les respecterai, je vous le promets, vous resterez libre d’élever vos enfants à votre gré, de pratiquer vous-même votre religion. Je vous ferai la vie heureuse, Micheline, et mon affection si profonde aura, je l’espère, le pouvoir de vous faire oublier cette douloureuse épreuve…

Micheline étendit les mains dans un geste d’horreur.

— Sortez ! Je ne vous écouterai pas une minute de plus ! N’avez-vous pas compris que vous n’êtes à mes yeux qu’un misérable hypocrite ? Ne sentez-vous donc pas que vous m’êtes odieux ?

Il eut un sursaut de fureur et s’avança vers elle, la rage dans les yeux.

— Ah ! vous osez ! Lorsque moi, riche, arrivé, je m’abaisse à solliciter la main d’une pauvre ouvrière, c’est par ces insultes que vous