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Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/155

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LES DEUX FRATERNITÉS

Mais, avec le commencement d’août, la villa voisine se ferma, les de Mollens partirent pour les bains de mer, Claudine ne les revit qu’à l’époque de la rentrée de l’école Saint-Jean.

Cette année-là, le mois d’octobre fut affreux. Claudine, facilement enrhumée, sortit fort peu. L’ennui la rongeait, et aussi une secrète souffrance dont elle ne s’expliquait pas la nature.

— Qu’est-ce que tu as, voyons ? disait Alexis avec impatience. Nous te soignons bien, pourtant ; tu devrais avoir une autre mine.

— Mais, je n’ai rien, je suis très faible, voilà tout, répondait-elle avec sa tranquille froideur accoutumée.

Vers la fin du mois, il y eut quelques belles journées ensoleillées, et Claudine en profita pour sortir de nouveau avec Léonie, la femme de chambre.

Un dimanche, en revenant du parc, elle entra à l’église Notre-Dame, qui se trouvait sur son passage. Elle l’avait visitée une fois en compagnie de Zélie, et, malgré les sarcasmes de celle-ci, elle avait éprouvé une émotion indéfinissable devant les signes d’un culte qui lui était inconnu et qu’elle avait maintes fois entendu insulter.

Aujourd’hui, l’église était pleine, et le prédicateur terminait son sermon. Sa voix nette scandant les mots parvint aux oreilles de Claudine : « Le vrai bonheur est dans le sacrifice, dans la lutte pour le devoir, dans la résignation sereine et forte — car le sacrifice, la lutte, la résignation nous conduisent à l’éternel bonheur,