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LES DEUX FRATERNITÉS

Les yeux de Prosper s’injectaient, ses poings se crispaient furieusement.

— Me taire ? Nous verrons cela ! Tout à l’heure, la justice sera prévenue, et vous aurez à rendre compte de vos insultes, de votre tentative de chantage.

— La perspective ne m’effraye aucunement. Si vous ne craignez pas l’accusation publique, il me sera facile de vous contenter.

Sous le calme dédaigneux de M. de Mollens, Prosper semblait un animal acculé. Brusquement, il tourna les talons en disant d’une voix étranglée par la rage :

— Nous verrons bien qui l’emportera !

— Oui, nous verrons ! riposta M. de Mollens. Et nous saurons peut-être aussi la cause de la fuite de cette pauvre enfant qui n’était probablement fort heureuse chez vous, tout socialiste que vous êtes !

À peine la porte se fut-elle refermée sur Prosper que Mme de Revals s’écria :

— Mais, René, tu ne songes pas, je suppose, à laisser ce coquin impuni ?

— Ma chère amie, je n’ai malheureusement pas de preuves formelles. Peut-on jamais, en ce cas, prévoir le résultat d’un procès ? Mais, fort heureusement, j’ai tout lieu de croire qu’il évitera de s’engager dans cette voie. Il est en ce moment dans une mauvaise passe, et ses ennemis auraient vite fait de profiter de l’aventure pour amener sa ruine politique. Oui, je crois,