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Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/222

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LES DEUX FRATERNITÉS

ardent désir de la serrer entre ses bras, se contenta-t-elle de répondre avec douceur :

— Vous êtes chez quelqu’un qui vous aime beaucoup et qui vous soignera bien. Vous ne serez plus malheureuse, maintenant, ma chère enfant.

Le joli visage altéré par la maladie se contracta un peu, un effroi passa dans les prunelles bleues.

— Alexis ? M. Louviers ?

Micheline posa tendrement sa main sur son front.

— Ne craignez rien. Prosper Louviers ne peut plus rien contre vous. Ne vous tourmentez pas, laissez-vous bien soigner, ma chérie.

— Qui êtes-vous donc ? murmura la malade en lui prenant la main.

— Vous ne me connaissez pas. Je vous le dirai demain, si le docteur le permet. Reposez-vous maintenant, ma petite enfant aimée.

Suzanne ferma docilement les yeux. Mais elle les ouvrit au bout d’un moment, et son regard rencontra le crucifix, les images de piété pendues au mur, près de son lit. Elle dit avec stupéfaction :

— C’est comme à l’église, ici !

Le cœur de sa mère se serra à cette parole. Elle était d’avance bien certaine, hélas ! du genre d’éducation donné à sa fille par Prosper Louviers !

Elle se pencha et mit un baiser sur le front de la malade.