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Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/246

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LES DEUX FRATERNITÉS

— Oh ! j’en suis sûre ! Ton cœur est si élevé encore, malgré tout ! s’écria Suzanne, les larmes aux yeux.

Elle avait écouté avec une émotion inexprimable les paroles d’Alexis, prononcées d’une voix sourde et ardente, et qui lui révélaient ce qu’elle avait été, ce qu’elle était encore pour le jeune infirme, en même temps qu’elles laissaient voir les ravages opérés dans l’âme d’Alexis par l’éducation sans Dieu.

— Si tu essayais de connaître cette religion qui me semble si belle, si consolante, si tu voulais permettre à maman de t’en parler ?

— Oh ! volontiers, dit-il avec un geste d’indifférence. J’aime toujours entendre ta mère, elle parle avec une telle douceur, que je voudrais l’écouter sans fin. Mais c’est bien inutile, car j’ai maintenant si peu à vivre que je n’aurai pas le temps de profiter de ses enseignements.

— Oh ! ce ne sera pas long, tu verras. Et d’ailleurs, tu vivras, parce que je le veux !

— Que veux-tu dire ? s’écria-t-il en lui saisissant la main.

— Je te l’apprendrai ce soir.

Et, quittant la chambre de l’infirme, Suzanne alla trouver sa mère avec qui elle eut une longue conversation, à l’issue de laquelle Micheline embrassa la jeune fille en disant avec une tendresse émue :

— Fais-le donc, ma chérie, puisque Dieu t’en inspire la pensée ; fais-le pour sauver cette âme qui me paraît très belle, et près de laquelle tu